Turbulence

Il est une chose terriblement peu remarquable. Une lourdeur dans l'air. Le corps se meut avec moins de fluidité, la poîtrine oppresée de masses sombres, la respiration demande effort. Mais la saison est innocente, le climat indifférent. C'est un air qui se dégage des yeux, de la gorge. Un air qui transperce les pores de la peau pour s'y apesantir. Des sens inverses obscursissent les pensées, tout entières retournées et qui, éreintées de ce funeste manège, se laissent emporter à continuer sans cesse. C'est comme cela, la désillusion, cet air vicié qui émane d'un passant.

Tout le monde autour sait, des sourires discrets s'allument alors au passage du nouveau venu, celui dont la nuque tend à écraser sur le sol ses regards vides et fous. Celui qui déjà veut fuir. Longtemps on peu se débattre, mais c'est peine perdue. Puis les désabusés retournent à leurs affaires. Un de plus n'est pas forcement un de gagné. Cela pourrait même, s'ils savaient encore, provoquer un pincement de peine au coin de leurs os. De voir que tout se délite, tout se dissout, on ne cherche plus. Heureusement la puissante érosion a poli les grains de leur âme, dompté leurs fougues impatientes enfouies sous l'espoir, gommé les aspérités qui font sentir, ressentir, frémir. Et ce que l'on a perdu devient quête . Une quête avide, le besoin de devenir un monde, de se remplir pour soi, de jongler sans consistance. Sans substance. Embrasser des masques, s'embraser jusquà devenir des flaques, étrangler les survivances (-vos feux-follets vous éblouissent!-). Eradiquer les vestiges, ceux consignés dans vieux livres, ou même en des lieux plus profonds que des bibliothèques. Des sanctuaires. C'est comme cela, on se pardonne puis l'on s'abandonne.

[...]

---

(et tant qu'il y aura des hommes, ils voudront basculer les filles ?)