N'en parlons plus.

13 mars 2005

Ce n'était pas de la compassion, ni une bonne action; personne n'a cherché à m'apitoyer. Ce n'était pas pour ces deux là, non plus, car ils ne sont que deux semblables à des milliers d'autres. Ce n'est pas cela qui m'a renversé, c'est bien plus égoïste, c'est bien plus personnel, peut-être. Je rêvassais, j'étais distraite et fatiguée, j'ai jeté un oeil hors de la Bulle, hors de mon Monde comme dit Mère. C'est bien ce que l'on me conseille, non ? S'ouvrir, s'ouvrir à la vie. Grave erreur! Cela m'apprendra à oser faire une brêche. A peine l'oeil sorti je tombe dans la misère la plus noire, et je ne sais quoi en faire, et je pleure dans la rue du retour. Je partage des mots, et puis des rires, et un livre, je pense faire bien et reste l'impression d'une action mauvaise, importun grain de sel. Et surtout, une fois de plus, multipliée à outrance, l'immense déception, l'immension colère, j'aime encore moins la réalité qui m'entoure.

Mesures de force : désormais, je me capitonne, m'enferme encore plus, toutes les cadenas et les chaînes. Je ne laisse personne m'effleurer, ils redeviennent des ombres, tous, les multimillionnaires comme les rampant à terre. C'est comme cela. Je ne laisse pas entrer l'air pour qu'il m'apporte la poussière et le malheur, mes pauvres chagrins me suffisent bien, je préfère jouer l'autruche, pour l'instant du moins. Une carapace solide. Je n'ouvre qu'à celui ou celle qui vient pour la joie, pour que je sois heureuse, c'est l'unique condition, et il faudrait même poser la question : "Es-tu là pour que l'on s'eclabousse de bonheur ?"

Méfions-nous des pièges à loups. Quand je serai grande, quand je serai forte, peut-être que je résisterai mieux.